1. Première partie

  2. Deuxième partie

  3. Troisième partie

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Première partie

Passion opéra

Vue du Palais-Royal
(C) RMN-Grand Palais / image RMN-GP

Vue du Palais-Royal

demeure parisienne du Régent

Opéra à demeure !

La demeure du Régent abrite l’Académie royale de musique. Une somptueuse salle de spectacle avait en effet été aménagée à grands frais dans une aile du bâtiment dès 1637 par Richelieu, grand amateur d’opéra, ce spectacle venu d’Italie alors peu goûté de Français. Molière y installe sa troupe et, à la mort du dramaturge en 1673, le puissant Lully fait chasser les comédiens du roi et y installe l’Académie royale de musique, l’Opéra de Paris. En 1715, l'Italie est furieusement à la mode et l'opéra avec ! On se bat pour avoir des places...

« Après le Conseil de Régence, sur les coups de cinq heures du soir, il n’est plus question que d’opéra ! »

Le Conseil de Régence
(C) RMN-Grand Palais (Château de Versailles) / Gérard Blot

Le Conseil de Régence

Françoise Journet

Françoise Journet

soprano

« Journet d’une déesse a le port et les yeux ;
Qui nous fit mieux sentir les charmes que rassemble
La poésie unie aux sons mélodieux ?
Elle chante, les sens, l’esprit, le cœur ensemble,
Transportés par sa voix sont épris du désir,
De prolonger toujours le cours de ce plaisir,
Crainte de l’arrêter, n’osent crier merveille,
Pour ne perdre aucun son, l’âme est toute à l’oreille. »

Le Mercure Galant

Un orchestre de prestige

L’orchestre de l’Académie royale de musique est connu dans l’Europe entière, avec ses 40 symphonistes. Il est composé d’une manière très différente de nos orchestres actuels, en deux groupes d’instruments : le petit chœur qui réunit un clavecin, deux théorbes, deux violes de gambe et deux violoncelles pour former le continuo qui accompagne les récitatifs, et deux violons solos pour jouer les ritournelles entre les scènes. Le grand chœur constitue le tutti d’orchestre avec toutes les cordes, les vents et les percussions.

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© Archives nationales (France)

Vue des loges de l’Opéra

Un lieu central dans la capitale

La galerie du Palais-Royal
Worcester Sketch Fund, 1963.558 (C) Utpictura

La galerie du Palais-Royal

par Louis-Léopold Boilly, fin du 18e siècle

La demeure de Philippe d’Orléans est un lieu vivant, prisé de la noblesse parisienne, où se développent des théâtres, des boutiques mais aussi ces lieux qui seront bientôt furieusement à la mode et qui vont jouer un grand rôle dans l’Europe des Lumières, les cafés. Mais la nuit venue, jardins et galeries abrite le commerce des prostituées, pourtant interdit, et son propices à toutes sortes d’abandons… et de rumeurs ! Plus tard au 18e siècle, le célèbre Casanova en parlera abondamment dans ses Mémoires et, au siècle suivant, Balzac en fustigera (encore !) les mauvaises mœurs.

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Deuxième partie

Une nouvelle expression des sentiments

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© BnF

Des sonorités inédites

La musique se fait plus expressive. un instrumentarium enrichi colore les partitions de sonorités inouïes. Philippe d'Orléans est précurseur ! Son musicien, Charles-Hubert Gervais, supervise la composition de ses opéras Suite d’Armide ou Jérusalem délivrée (1704) et Penthée (1705). Entre les deux artistes, l’émulation est réciproque. Au début du siècle, Philippe d’Orléans compositeur a l’idée ingénieuse d’associer en même temps les violons « avec archet » et « pincez », c’est-à-dire en pizzicati, avec deux flûtes allemandes, des luths, des théorbes et l’incontournable basse-continue. Un talent évident pour imaginer et tester des couleurs nouvelles. Près de dix ans plus tard, Gervais insèrera en discret hommage dans son opéra Hypermnestre les deux tambourins du deuxième acte de Penthée, touche exotique qui jouira d’un grand succès tout au long du 18e siècle !

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Quatre études : deux figures de Pluton et deux du Temps Etudes de costumes pour le ballet Les Eléments, monté à Paris en 1721 et dans lequel le jeune Louis XV a dansé par Claude Gillot (1673-1722) Photo (C) RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Michel Urtado

Le rêve et l'évasion

A côté des grandes passions et des héros charismatiques au destin tragique, les pastorales légères et les ballets font salle comble. En 1721, André Cardinal Destouches et Michel-Richard de Lalande composent la musique du ballet Les Eléments. Représenté une trentaine de fois entre 1729 et 1752, c’est une des œuvres les plus jouées du 18e siècle. L’opéra joue le même rôle que le cinéma aujourd’hui, pour le spectateur privilégié, certes : offrir l’évasion, surtout dans la misère généralisée qui s’étend sur le royaume vers les années 1700...

Les héroïnes brûlent les planches

La Sémiramis d’André Cardinal Destouches est créée sur la scène de l’Opéra en 1718. La duchesse de Berry, fille du Régent, fêtarde invétérée, y assiste enceinte jusqu’au cou avec trente de ses bonnes amies. Voilà un personnage romanesque à souhait : Sémiramis, princesse romaine, meurt de la main de son fils, pour qui elle avait conçu une passion criminelle. Désormais dans chaque acte de l’opéra, on trouve forcément une scène dans laquelle le ou la protagoniste chante et déclame ses sentiments, face au public…

Thésée de Lully
© BnF

Thésée de Lully

Les tragédies lyriques de Lully ont toujours du succès sous la Régence !

Sémiramis, tragédie en musique par Mr Destouches
© BnF

Sémiramis, tragédie en musique par Mr Destouches

"Représentée, pour la premiere fois, par l'Académie le dimanche quatrième décembre 1718, paroles de M. Roy"

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« Comme à l’Académie royale de peinture, les coloristes s’imposent à l’Académie royale de musique »

Maurice Barthélémy

André-Cardinal Destouches

André-Cardinal Destouches

1672-1749

Musicien influent, Destouches est nommé inspecteur de l'Académie royale de musique par le vieux Louis XIV en 1713.

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Troisième partie

Plaisirs du bal, plaisirs de la foire

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© BnF

La Foire Saint-Germain, rive gauche

L'heure de la foire

La capitale compte alors deux grandes Foires : la Foire Saint-Germain, rive gauche, l’hiver, et la Foire Saint-Laurent, rive droite, l’été. Les troupes de foire se sont appropriées le répertoire des comédiens-italiens, expulsés du royaume par Louis XIV : les aventures d’Arlequin, de Colombine et de leurs joyeux compères aux costumes bariolés sont accompagnés par des ouvertures, des danses, des symphonies dramatiques mais aussi de décapantes parodies des opéras à la mode…

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Vue de la Foire saint Germain à Paris

"La seule, l’unique foire Saint-Germain ! Danseurs de cordes, mimes, marionnettes, représentation cet après-midi chez le grand Dominique !"

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© BnF

Femme de qualité en habit de bal

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© BnF

Gentilhomme en habit de bal

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Bal masqué donné pour le mariage du dauphin dans la nuit du 25 au 26 février 1745 par Charles Nicolas Cochin, le Jeune (1715-1790) (C) RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Michèle Bellot

Au bal masqué

À compter de l’année 1716, on se réchauffe, durant les mois d’hiver et trois fois par semaine, au bal de l’Opéra. Enfin, pour ceux qui ont les moyens de payer six francs à l'entrée. Aucun passe-droit selon son rang social : voilà qui est inédit ! La grande salle de l’Académie royale de musique se métamorphose en salle de bal… On y danse masqués sur des airs de Lully et des opéras à succès ; chacun a l’impression d’être Pécourt ou Subligny, les vedettes du ballet !

Tout jeune noble qui se respecte suit les leçons d’un maître à danser !

Le Maître de danse
© BnF

Le Maître de danse

par Jacques-Philippe Le Bas (1707-1783)

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Le Régent à la foire

L’Opéra n’est pas le seul lieu de spectacle de la capitale pendant la Régence, loin s’en faut ! Judith le Blanc, chercheuse et dramaturge, nous emmène sur la plus canaille des scènes parisiennes : la foire, berceau de l’Opéra-Comique…

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