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Première partie
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Deuxième partie
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Troisième partie
Première partie
Le Prince musicien
Portrait de Philippe d'Orléans en pied
« On m’a aimé sans me connaître, on me hait sans me connaître encore ; j’espère me faire connaître et aimer dans peu. »
Philippe d’Orléans, Régent de France
Le brillant neveu du Roi-Soleil
Philippe, duc de Chartres
en 1689 d’après Hyacinthe Rigaud
Le château de Saint-Cloud
Lieu de naissance du jeune Philippe en 1674
Un musicien quasi-professionnel
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Viole
Le jeune duc de Chartres apprend vraisemblablement la viole de gambe auprès d'un maître en la matière : Antoine Forqueray, gambiste, spécialiste de la basse de violon et compositeur issu d'une longue lignée d'instrumentistes.
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Flûte
Le virtuose Jacques-Martin Hotteterre, qui dédiera plusieurs pièces au futur Régent, lui aura peut-être enseigné son instrument, que le Duc maîtrisait, dit-on, admirablement. Le répertoire pour flûte, alors peu étendu, doit beaucoup à Hotteterre.
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Guitare
Au 18e siècle, il est d'usage, pour un jeune noble, de recevoir les leçons d'un maître de guitare. Le duc de Chartres n'échappe pas à la règle et sait très bien tenir sa partie de luth ou de guitare pour accompagner quelques airs de cour !
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Clavecin
Musicien complet, le duc sait aussi tenir sa partie de basse continue et joue du clavecin. Peut-être en apprend-t-il la technique aux côtés de Gabriel Garnier.
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Composition
Savoir jouer de plusieurs instruments, soit. Mais se piquer de composition, et montrer des dispositions dans ce domaine, voilà qui est plus rare parmi les membres de l'aristocratie ! Composer des opéras, motets et cantates est l'une des activités favorites de Philippe d'Orléans.
Élisabeth-Charlotte de Bavière (1652-1722)
La truculente princesse Palatine, connue pour son franc-parler
"Rien n'est tant à la mode présentement que la musique. Je dis souvent à mon fils qu'il en deviendra fou, quand je l'entends parler de bémol, bécar, fa, mi et autres choses de ce genre auxquelles je n'entends rien !”
La Palatine, mère de Philippe d’Orléans
Apprendre auprès des plus grands
Le jeune Philippe étudie l'art de la composition avec la fine fleur des musiciens de son temps. On ne sait pas exactement quand débutent ses leçons avec l’un des grands maîtres de l’époque : le génial Marc-Antoine Charpentier. Sans doute au mois de novembre 1692 : Philippe a tout juste 18 ans. Le musicien, au faîte de sa carrière, a la cinquantaine. Les affinités sont immédiates : les deux hommes partagent l'amour de la musique italienne, des couleurs, des harmonies audacieuses et des belles mélodies… Il faut dire que le musicien, formé à Rome dans sa jeunesse, est pétri d'influences italiennes ! Charpentier, l'auteur génial et audacieux de Médée, qui en 1693 avait tant dérouté les spectateurs de l'Académie royale de musique, devient maître de musique de la Sainte-Chapelle en 1698 laissant le Prince poursuivre sa formation avec d’autres musiciens...
Portrait présumé de Marc-Antoine Charpentier, anonyme
Compositeur d'opéra
Partition de Penthée
opéra de Philippe d’Orléans (1705)
Penthée, la Suite d’Armide ou Jérusalem délivée et Philomèle : Philippe d'Orléans est l'auteur d'au moins trois opéras. Il composa aussi deux motets, quatre cantates et quelques airs instrumentaux dont les partitions, hélas, ne sont pas parvenues jusqu’à nous. Penthée est donné en 1705 à Paris dans la salle du Palais-Royal, mais sans doute pour un public trié sur le volet ! Le livret de Penthée est confié au marquis de La Fare, capitaine aux gardes, « libertin voluptueux » à la réputation sulfureuse disent les rumeurs. L’opéra s'inspire d'un épisode de la mythologie : il raconte la mort de Penthée, roi de Thèbes, victime de la vengeance du dieu Bacchus… Que vaut cette musique ? Les musiciens et critiques d'aujourd'hui sont élogieux : des airs charmants, une instrumentation habile et audacieuse, une orchestration originale et une alternance agréable de style italien et français !
Deuxième partie
Une personnalité hors normes
Les Musiciens ambulants
Rembrandt, vers 1635
Le futur Régent et non seulement un passionné de musique, mais aussi un grand collectionneur de peinture qui possède, parmi ses 772 toiles de maître, quelques Rembrandt !
Instrumentiste, chanteur, compositeur, le duc d’Orléans est un passionné de musique, mais pas seulement. C'est aussi un scientifique chevronné, astronome et chimiste de premier plan qui ambitionne, dans le secret de son laboratoire personnel, de percer le secret de la pierre philosophale…
La légende noire du Régent, mythe ou réalité ?
La personnalité libre et originale de Philippe d’Orléans va faire couler beaucoup d’encre et donner libre cours, de son vivant et à la postérité, à de nombreux fantasmes. Empoisonneur ? Adepte des sciences occultes ? Libertin adepte de parties fines comme le montre le célèbre film de Bertrand Tavernier Que la fête commence... (1974) ? Une chose est sûre : la personne du Régent demeure auréolée de mystère... et de scandale ! Alors, mythe ou réalité ? Nécessaire mise au point avec Alexandre Dupilet, historien spécialiste de la Régence et auteur de plusieurs ouvrages consacrés à Philippe d'Orléans.
Hardi au combat
Artiste, intellectuel, Philippe d'Orléans se distingue également au champ de bataille, en Italie, en Espagne ou encore aux Pays-Bas. La flamboyance du Duc lors des campagnes militaires lui attire les compliments de son oncle, Louis XIV, mais aussi... une certaine jalousie ! Il est ici représenté à Meudon, au premier plan, sur son cheval.
La fin de règne crépusculaire du Roi-Soleil
Louis XIV et ses héritiers
par Nicolas de Largillierre, vers 1710
En 1712, un an après la mort de Monseigneur, le Grand Dauphin, héritier légitime du trône, le duc et la duchesse de Bourgogne, petits-enfants adorés du vieux monarque, sont emportés par la rougeole. Louis XIV s'éteint, au matin du premier septembre 1715. La mort du roi est accueillie avec soulagement. L'héritier du trône n'ayant que cinq ans, en attendant sa majorité, fixée à l'âge de treize ans, une régence s'installe. La morosité et la chape de plomb qui pesaient sur le royaume et sur la vie artistique se dissipe...
La mort du Roi-Soleil à Versailles
par Thomas Henry Jones Barker, vers 1835-1840
Les Charmes de la vie
par Antoine Watteau, 1718
Troisième partie
Que la Régence soit !
Louis XV et le Régent
pendant la leçon du jeune roi, peinture anonyme
2 septembre 1715
Au lendemain de la mort de son oncle, Louis XIV, Philippe d’Orléans se rend au Parlement de Paris. Il vient contester les volontés du feu roi, qui souhaitait un conseil de Régence avec une direction partagée entre son neveu et l'aîné de ses fils légitimés, le duc du Maine. Philippe d’Orléans fait casser le testament qui le privait de prérogatives qu’il jugeait dues à sa naissance, se fait octroyer les pleins pouvoirs, la garde et la charge de l'éducation du tout jeune Louis XV. Il est proclamé Régent. C’est le début de la polysynodie, le gouvernement par conseils. Les tout-puissants secrétaires d’État de Louis XIV sont remplacés par des ministères collégiaux de cinq à dix personnes chargés de préparer le travail du Conseil de Régence.
On déménage ! À peine le roi a-t-il rendu le dernier soupir que la cour s’empresse de regagner Paris. Philippe d’Orléans fait installer son neveu, le petit Louis XV, aux Tuileries, à deux pas de sa demeure parisienne, le Palais-Royal. A Paris, le Régent a tous ses plaisirs sous la main…
Le Régent et le Roi
Philippe, duc d'Orléans, régent de France, dans son cabinet aux côtés du jeune Louis XV
Louis XV, roi à cinq ans
Le petit Louis XV
par Augustin Oudart Justinat, vers 1717
Louis XV âgé de cinq ans, assis sur son trône
par Hyacinthe Rigaud en 1715
Danse devant une fontaine
par Nicolas Lancret (1724)
Le règne des plaisirs
Les mentalités changent : la Régence s’affirme tout de suite comme un grand élan de joie, une célébration vers la jouissance de vivre et des plaisirs. Bref, une libération. Ceci bien sûr vaut pour les classes privilégiées. Les longues guerres menées par Louis XIV durant son règne ont considérablement appauvri le royaume. Pour Philippe d’Orléans, la tâche s’annonce ardue : il s’agit s’assainir et de rééquilibrer les finances publiques. La noblesse, elle, n’a qu’un seul mot à la bouche : les plaisirs !