À la Sorbonne, le théâtre comme à l’époque de Molière

Depuis 2017, l’atelier Théâtre-Molière-Sorbonne permet aux étudiants de l’université parisienne de jouer les pièces de Molière et de ses contemporains selon les techniques théâtrales en vigueur au 17e siècle. Et parmi eux, des musiciens... Présentations avec les responsables du pôle musique : le chercheur et claveciniste Matthieu Franchin, et la violoniste Hélène Houzel.

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Séance de travail avec la bande de violons de l'atelier Théâtre-Molière-Sorbonne

Quelle est la vocation de cet atelier ?

Matthieu Franchin : La troupe Théâtre-Molière-Sorbonne existe depuis septembre 2017 : elle a été fondée à l’initiative de Georges Forestier, professeur de littérature française à La Sorbonne. C’est à la fois un atelier du service culturel de l’université, ainsi qu’une école de théâtre et une association. Sa vocation est de faire exister une petite troupe et de monter des spectacles. Les étudiants qui participent sont formés aux techniques du jeu d’acteur du 17e siècle. Plus généralement, nous essayons de restituer toutes les pratiques théâtrales : la déclamation, la danse et la musique, qui est présente de façon systématique au théâtre à cette époque. Les troupes de théâtre employaient systématiquement une bande de violons !

Hélène Houzel : À l’atelier, l’effectif des musiciens n’est pas figé. Cette année nous avons travaillé avec une quinzaine de participants. L’an prochain, ils seront plus nombreux.

Que se passe-t-il durant les séances de l’atelier Théâtre-Molière-Sorbonne ?

H.H : Les étudiants répètent chaque semaine. Cette année, elles ont eu lieu toutes les semaines : d’un côté, les comédiens qui, outre les cours de théâtre proprement dit où l’on travaille la déclamation, la gestuelle ou encore la prononciation, reçoivent des cours de technique vocale avec une chanteuse professionnelle, et une initiation à la danse baroque. Parallèlement à cela, il y a la bande de violons. Nous lisons des traités sur l’interprétation : de quoi sommes-nous certains quant à l’interprétation de cette musique baroque française ? Quelles sont les zones de mystère ? Nous discutons beaucoup, c’est passionnant !…

M.F : Que signifie jouer du violon en 1660 au théâtre ? Nous tentons de répondre à cette question très concrète et l’un des objectifs est de retrouver le jeu en bande de violons, qui est très peu pratiqué aujourd’hui. La technique du violon telle qu’elle était pratiquée en France à l’époque de Lully et très différente de la technique qu’on enseigne habituellement en violon baroque : la tenue du violon, les coups d’archets… Les musiciens sont des étudiants du CNSMD de Lyon, du Pôle supérieur Paris Boulogne-Billancourt, du CRR Paris, des conservatoires d’Aubervilliers et de Clamart. L’atelier de La Sorbonne est un vrai carrefour, un lieu de rencontre entre des étudiants.

Quel répertoire jouent-ils?

M.F : Nous offrons aux violonistes un panaché de tout ce qu’un violoniste pouvait jouer au temps de Molière et Lully. Le gros du corpus est constitué de toutes les musiques de ballets de Lully, Charpentier et Beauchamps, les trois compositeurs principaux pour les intermèdes à cette époque. Nous avons aussi toute la musique à danser écrite, notamment, par certains violonistes des Vingt-quatre violons du roi, tels que Dumanoir, Mazuel…

H.H : Cette année, nous avons préparé des danses pour les travailler avec le chorégraphe et danseur baroque Hubert Hazebroucq. L’effectif de la bande de violons fonctionne extrêmement bien pour la danse, il est à la fois dynamique et très léger, autant dire très efficace pour faire de la musique à danser !

Que préparez-vous pour l’année Molière, en 2022 ?

M.F : Nous avons tissé un gros projet en partenariat avec le Pôle supérieur Paris Boulogne-Billancourt et le CRR de Paris pour monter Le Malade imaginaire avec les effectifs restitués, comme voulus par Charpentier dans sa première version de la comédie-ballet. Soit une bande de 12 violons, trois instruments de basse continue et sept chanteurs. Nous allons pouvoir monter les intermèdes dansés et chantés et donc, travailler le chant : une nouveauté pour nos étudiants ! La première est prévue en janvier à l’Opéra-royal de Versailles.

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