L’affaire Charpentier

En 1683, Marc-Antoine Charpentier, musicien de la duchesse de Guise, collaborant fréquemment avec les jésuites de la rue Saint-Antoine, est un compositeur réputé. Il est aussi familier de la cour puisqu’il fournit de la musique pour le Dauphin, fils de Louis XIV et héritier du trône, entre 1679 et 1682.

Marc-Antoine Charpentier

Marc-Antoine Charpentier

1643-1704

"Les mauvaises langues racontent que Charpentier se serait fait porter pâle sous la pression du surintendant"

C’est donc assez logiquement qu’il se présente au concours organisé par le roi au printemps 1683, pour le recrutement de quatre nouveaux sous-maîtres pour sa Chapelle. Retenu à l’issue du premier tour, Charpentier se prépare à la seconde épreuve, une mise en loge, durant laquelle les candidats devront composer un motet en quelques jours, dans une solitude absolue. Mais, comme le rapporte le grand périodique du temps, Le Mercure galant, qui détaille toutes les étapes du concours, « Le Sieur Charpentier était fort malade dans le temps qu'on a enfermé les quinze musiciens ». A cause de problèmes de santé, le musicien est contraint de déclarer forfait.

Certains ont avancé une autre hypothèse, non avérée, mais qui a fait jaser : une prétendue rivalité avec Lully. Les mauvaises langues racontent que Charpentier se serait fait porter pâle sous la pression du puissant surintendant, qui aurait craint la concurrence, à la cour, de celui qui était si apprécié à Paris. Pourtant, lorsque fut donnée à la cour, en 1674, Le Malade imaginaire, comédie pour laquelle Molière, avant de mourir l’année précédente, avait commandé la musique à Charpentier, Lully n’a, semble-t-il pas cherché à empêcher la représentation. S’il est avéré que Lully détestait Charpentier pour la menace qu’il représentait, difficile d’accorder du crédit à la thèse d’une animosité personnelle, notamment lors du concours de 1683.

Marie de Lorraine (1615-1688) dite Mademoiselle de Guise

Marie de Lorraine (1615-1688) dite Mademoiselle de Guise

Grande protectrice des arts, elle accueille Marc-Antoine Charpentier à son service de 1670 à 1688.

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Vue de l’Abbaye de Port-Royal, à Paris, pour laquelle Charpentier a composé.

Toujours est-il que Charpentier ne put se mesurer aux autres candidats, et notamment à Lalande ! Une belle occasion manquée. Quelle aurait été l’issue de la compétition sans cet incident ? Le rôle de Charpentier à la cour restera relativement discret et ses compositions n’y seront données qu’occasionnellement. Pourtant, Louis XIV, sans doute conscient de l’immense talent du musicien, ne fut pas indifférent à son malheur, comme le rapporte Le Mercure Galant au mois de juin 1683 : « Le Roi un peu avant son départ donna une Pension à Monsieur Charpentier.”

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