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Première partie
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Deuxième partie
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Troisième partie
Première partie
Un écrin à Versailles
Printemps 1682, la cour s’installe à Versailles
En 1682, Louis XIV règne depuis 40 ans. Le souverain, sa famille et la cour posent définitivement leurs malles à Versailles, qui devient le siège du pouvoir et la résidence officielle de la monarchie. La vie au château n’est pas des plus confortables : les courtisans doivent se frayer un passage au milieu des échafaudages, respirer les poussières de plâtre et de marbre, les vapeurs nauséabondes des peintures… La chapelle définitive du palais n’est inaugurée qu’en 1710. Le règne de Louis XIV touche à sa fin : il a 72 ans.
Poussez la porte de la Chapelle et découvrez l’écrin versaillais des messes du roi…
© Château de Versailles Spectacles / Réalisation : Timothée Eiseinegger (Timographie360).
Le dernier chantier du Roi-Soleil
Les travaux de la cinquième et dernière chapelle de Versailles sont confiés à l’architecte Jules Hardouin-Mansart, à qui l’on doit aussi la fameuse Galerie des glaces. L’immense chantier, commencé en 1687, durera 23 ans. C’est d’ailleurs un autre architecte qui l’achèvera, Robert Cotte, à la mort d’Hardouin-Mansart en 1708. Louis XIV suit toutes les étapes des travaux. Il fait réviser les plans, est attentif à la réalisation des décors et invite même ses musiciens à tester l’acoustique !
Un chantier royal
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16 sculpteurs
La réalisation de la statuaire de la Chapelle a mobilisé 16 sculpteurs officiels, sans compter tous les artistes qui ont travaillé aux ornementations des décors sculptés.
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23 ans
Le chantier, colossal, a duré plus de deux décennies. Les travaux sont interrompus pendant près de dix ans, de 1688 à 1697, à cause de la guerre qui fait rage aux frontières du royaume.
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5 peintres
Ils se nomment Jean Jouvenet, Charles de La Fosse, Antoine Coypel, les frères Louis et Bon Boullogne et réalisent le décor de la grande voûte et les panneaux latéraux.
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2,5 millions
C'est le coût total, en livres tournois, de la construction. Près d’un million sont affectés aux décors peints et sculptés.
« Le dessein de ce monarque a toujours été que la chapelle de Versailles fût le lieu le plus magnifique de ce somptueux et brillant palais. »
Extrait du Mercure Galant
Jules Hardouin-Mansart en 1699
Surintendant des Bâtiments
En savoir plus
La Chapelle royale de Versailles fait actuellement l'objet d'une restauration de très grande ampleur. Rencontre avec Frédéric Didier, architecte en chef des Monuments historiques, en charge du chantier.
Deuxième partie
Une chapelle nomade
Un sacré cortège !
Jusqu’en 1682, la musique de la Chapelle n’est pas fixée à un endroit. Vagabonde, elle précède le roi dans tous ses déplacements, même en campagne militaire ! Le roi peut ainsi, en arrivant dans l’une ou l’autre des résidences, assister à la messe, toujours en musique. Pour loger tous les musiciens du roi, le système D est de mise : on loue des chambres aux habitants des villages voisins… Les trajets de la cour et des musiciens entre les châteaux de Fontainebleau, de Saint-Germain-en-Laye, de Chambord, de Marly et de Versailles sont alors incessants. Des dizaines et des dizaines de carrosses, pleins à craquer, défilent chaque semaine.
Quand la cour se déplaçait, le cortège de carrosses et de chariots s’étendait sur plus de 10 kilomètres... Un trafic dense, qui préfigure presque les trajets quotidiens de RER des franciliens !
Dans les différentes résidences royales, on assiste parfois à des cérémonies en plein-air. Les musiciens posent alors leurs pupitres sur l'herbe ou les graviers, comme lors du baptême du premier fils du roi, le Dauphin, le 24 mars 1668 dans le parc du "Château vieux" de Saint-Germain-en-Laye. Ce jour-là, Lully battait la mesure…
Le château de Saint‑Germain‑en‑Laye
L'une des résidences favorites de la cour de France.
En savoir plus
La Chapelle n'est pas la seule institution musicale de la cour de France ! Thomas Leconte, chercheur et responsable éditorial au Centre de musique baroque de Versailles, nous présente les autres départements de la Musique du Roi-Soleil.
Troisième partie
Une stricte hiérarchie
Chacun à son poste
La Chapelle royale est un petit monde en soi, avec une hiérarchie bien définie. Elle est formée de deux corps : la Chapelle oratoire, constituée des grands dignitaires ecclésiastiques de la cour mais aussi du personnel officiant de la messe ; et la Chapelle-Musique, qui réunit notamment tout le personnel musical intervenant pendant les offices avec musique et que l’on nomme la « Musique de la Chapelle ». Pour que toute cette machine fonctionne et soit capable de produire, chaque jour, la musique religieuse du roi, chacun doit être à son poste...
La Chapelle-Musique
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Le Maître
Sur le papier, c’est lui qui dirige la Chapelle-Musique. Le maître est un ecclésiastique de haut-rang, souvent évêque ou archevêque d’une cathédrale du royaume, issu de la haute noblesse…
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Le Sous-maître
Recruté parmi les meilleurs musiciens du royaume, il est le chef de tout le personnel musical de la Chapelle…
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Les musiciens
La « Musique de la Chapelle » comporte entre 20 et 25 instrumentistes, appelés symphonistes, mais ce n’est pas tout…
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Les métiers de l’ombre
Vraie fourmilière, la Chapelle-musique abrite également du petit personnel qui s’active, chaque jour, en coulisse.
La rémunération des artistes
À l’époque, on parle d’« émolument », pas de salaire. Les musiciens de la Chapelle ne sont pas rémunérés chaque mois, mais selon la durée de leur service dans l’année : tous les trois mois si le service se fait par quartier, tous les six mois s’il est découpé en semestres… À charge pour chacun de gérer son budget ! Par comparaison, un ouvrier basique ne touchait qu’une livre par jour. Une année complète de travail comportait environ 220 jours ouvrés : il y avait beaucoup plus de jours chômés qu’aujourd’hui. Ainsi, l’ouvrier en bas de l’échelle recevait seulement 220 livres par an.
Qui gagne combien ?
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Sous-maître
900 livres tournois par quartier, soit trois mois de travail.
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Organiste
600 livres tournois par quartier.
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Chantre
450 livres tournois par semestre, soit 900 livres tournois par an.
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Symphoniste
300 livres tournois par semestre, soit 600 livres tournois par an.
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Les jeunes pages
Ils ne sont pas payés, mais sont nourris, logés, blanchis, éduqués… aux frais du roi.
Difficile de convertir ces sommes en euros. Mais, à Paris à cette époque, une maison à porte cochère de belle surface coûtait environ 20 000 livres.
En savoir plus
À peine entré dans la Chapelle, on ne voit que lui… Découvrez les trois épisodes de la websérie réalisée par le château de Versailles sur l’orgue érigé par Robert Clicquot à partir de 1679 pour la Chapelle de Louis XIV.