Les recrutements des sous-maîtres au fil de la monarchie

Choix du prince, promotion interne, concours… Les modalités de recrutement des sous-maîtres de la Chapelle royale évoluent selon les rois de France et, avec elles, les noms des musiciens. Voyage dans le temps, depuis le règne de François Ier.
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François Ier
1515-1547
Au 16e siècle et au tout début du 17e, le recrutement des sous-maîtres se fait, le plus souvent, par promotion interne. Parmi les sous-maîtres de François Ier : Claudin de Sermisy, nommé à la charge en 1532.
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Henri II
1547-1559
En 1550, Guillaume Belin, Hilaire Rousseau et Nicolas Testard sont les nouveaux noms de la Chapelle du roi.
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François II
1559-1560
C’est Didier Leschenet, venu remplacer Nicolas Testard, mort en 1559, année du début du règne, qui s’impose à la Chapelle de François II. Le règne du nouveau roi est éphémère : un an après son arrivée sur le trône, il est emporté par une méningite.
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Charles IX
1560-1574
On ne sait rien du recrutement de Nicolas Millot. Toujours est-il que le nouveau sous-maître restera en poste une bonne partie du règne du roi suivant : Henri III.
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Henri III
1574-1589
Les renouvellements se succèdent presque tous les cinq ans, à la Chapelle de Henri III : 1574, 1578, 1585 et 1589 ! Les nouveaux venus s’appellent Eustache Du Caurroy, ancien chantre de la Chapelle royale et Etienne Le Roy.
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Henri IV
1589-1610
À la cour de France agitée par les guerres de religion qui déchirent le royaume, la charge de sous-maître est divisée en deux semestres. Les abbés Nicolas Formé, chantre de la Sainte-Chapelle, et Eustache Picot, ancien maître de la cathédrale de Rouen, se partagent désormais l’année.
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Louis XIII
1610-1643
L'heure est à la continuité : les deux sous-maîtres choisis en 1609 par Henri IV, Nicolas Formé et Eustache Picot, restent en poste jusqu'à leur mort, en 1638 pour le premier, et 1651, au début du règne de Louis XIV, pour le second.
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Louis XV
1715-1774
En 1723, pour seconder le vieux Lalande, le Régent nomme trois musiciens de son entourage proche : Nicolas Bernier, André Campra et Charles-Hubert Gervais. A partir de 1738, les musiciens se côtoient et se succèdent : Henry Madin, Esprit-Joseph-Antoine Blanchard, Jean-Joseph Cassanéa de Mondonville, Charles Gauzargues et Julien-Amable Mathieu. Pas moins de neuf sous-maîtres pour un seul règne, en comptant le vieux Lalande, qui meurt en 1726…
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Louis XVI
1774-1792
L’abbé Julien-Amable Mathieu, recruté sous Louis XV, en 1770, reste en poste jusqu’à la chute de la monarchie, en 1792. Aucun concours n’est organisé pour recruter son collègue, François Giroust, ancien maître de musique de la cathédrale d’Orléans, en 1775. Le destin étonnant de ce musicien est à découvrir dans le sixième épisode...
Sous Louis XIV, un autre concours ?
Vingt ans avant la fameuse compétition de 1683, un autre concours, plus discret, avait permi au jeune roi de recruter ses musiciens... À la mort de l’abbé Jehan Veillot, en 1662, Henry du Mont et Pierre Robert se partagent les charges de sous-maîtres à la Chapelle de Louis XIV, alors âgé de 24 ans. Selon Jean Loret, auteur d’une lettre en vers parue dans la gazette La Muze historique le 7 juillet 1663, l'organisation d'un concours pour ce recrutement ne fait aucun doute !

Du Mont et Robert ont passé la plus grande partie de leur carrière à la cour dans la Chapelle du Palais des Tuileries, assidûment fréquenté par la cour avant l’installation à Versailles en 1682.
« Après les essais qu’on a faits
De quantité de Gens parfaits
En profession Musicale,
par mérite et non par bonheur,
Avoir la Maîtrise et l’honneur,
Le Roy, dont l’oreille est savante
En cette science charmante,
Par un vrai jugement d’Expert,
A choisi Dumont et Robert,
Tous-deux rares, tous-deux sublimes,
Et tous-deux excellentissime ;
Bref, chacun demeure d’accord
Que sans faire à personne tort
De ceux qui parurent en lice,
On leur rend à tous-deux justice :
De la Cour c’est le sentiment,
Et le nôtre, pareillement.
Chacun d’eux bien ravi doit être
De se voir ainsi passer Maître ;
Cela, sans canon et sans fer,
S’appelle vaincre et triompher ;
Et, tout-de-bon, la préférence
Dans cette grande concurrence
De très-capables Aspirans
(Qui sont à présent soûpirans),
Est un guerdon inestimable
Qui joint l’utile à l’honorable,
Et qui les doit bien réjouir ;
En puissent-ils longtemps jouir. »
Poème publié dans La Muze historique le 7 juillet 1663